CO₂ : Second Chance, un jeu de pose d’ouvriers qui sent bon le serious game.
Vital Lacerda est dans mon top 3 de mes auteurs préférés et lorsqu’une réédition d’un de ses jeux passe sur crowdfounding, je ne peux pas passer à coté de l’occasion. Voici donc ma petite critique de CO₂ : Second Chance.
La première édition de CO₂ est sortie en 2012 et n’est plus éditée depuis belle lurette. Je n’ai jamais eu l’occasion de mettre la main sur une boite et encore moins eu la possibilité de jouer à la version de l’époque mais c’est sans importance dorénavant car CO₂ Second Chance possède deux faces de plateau : d’un coté un mode compétitif où l’on retrouve le jeu de 2012 et de l’autre un mode coopératif. C’est ce mode coopératif qui m’a fait réellement acheté le jeu.
Nous avons zappé directement le mode compétitif pour ne s’attaquer uniquement à la version coopératif : quoi de mieux que de tous s’unir pour sauver la planète ?
CO₂ c’est sérieux
Le concept de CO₂ est simple, on doit construire des centrales électriques « vertes » (barrage hydroélectrique, parc éolien etc…) pour remplacer les centrales carbonées (charbon, gaz, pétrole). Une partie se déroule sur quatre décennies. Si la terre est trop polluée à l’issue de ces 40 années, on perd la partie, un peu comme dans la vraie vie en fait.
Le jeu fourmille de composants et de concepts. Mais comme dans tous les jeux de Vital Lacerda, tout à une logique, rien n’arrive par hasard et est calqué sur le monde réel. La règle est d’ailleurs une mine d’informations et d’anecdotes qui permettent de comprendre un peu mieux le sujet (Vous connaissiez vous le Permis d’Emission de Carbone – CEP- avant de joueur à CO₂ ? )
Une terre, du matos
Le plateau central est composé d’une représentation des continents de la Terre en vue éclaté. Sur ces continents on va pouvoir construire nos petites centrales vertes.
Au centre du plateau, nous avons le marché des CEP où on va pouvoir acheter ou vendre du CEP et faire monter son court.
Puis sur les cotés il y a :
- Différentes pistes de sciences qui correspondent aux cinq technologies vertes à déployer dans les centrales vertes.
- Une piste de PVs (points de victoire ou points de vie, c’est pareil : en dessous de 0 on perd la partie)
- Une piste carbone pour quantifier la quantité de CO₂ émise par les centrales si elle dépasse le seuil critique, on perd des PVs
- Des emplacements pour les collocs mondiaux où l’on va envoyer nos scientifiques pour les former aux technologies discutées durant la conférence.
Chaque joueur possède son plateau personnel qui sert de marqueur d’actions et de stockages d’éléments (argent, scientifique ou autres) deux objectifs personnels secrets, des cartes « lobby » pour l’aider et de nombreux éléments en bois ❤️.
Au début on est un peu perdu devant l’étalage de matériel devant nous. Ça se ressent dans la règle : on a pas mal de renvois vers des pages ultérieurs expliquant certains concepts : ce qui rend la lecture assez fastidieuse. Il faut bien compter une heure de décryptage.
Comment ça marche ?
Le but du jeu est bien évidement de construire des centrales, pour se faire, il faut passer par trois étapes qui correspondent aux trois actions principales du plateau de joueur
La proposition d’un projet
On va proposer un projet d’énergie verte à une région, pour se faire, on va placer un petite tuile projet sur l’un des emplacements de projets disponibles sur un continent. Et on gagne les bonus associés de la région.
La préparation de l’infrastructure
En payant un CEP, un joueur va placer une de ses infrastructures disponible sur le projet : le joueur prend possession du projet. Il sera à lui et à personne d’autres : cela sert notamment à valider ses objectifs personnels.
La construction de la centrale
On va sortir le chéquier pour construire réellement la centrale et produire de l’électricité propre (génération de PVs).
Le gros concept de CO₂, c’est que n’importe quel joueur peut intervenir à n’importe quelle étape de la fabrication d’une centrale : le joueur A propose le projet, B peut placer son infrastructure et C peut la construire. Chaque joueur récupère les bonus de son action. On peu ainsi s’organiser : un joueur qui a des sous va pouvoir construire les centrales pendant que les autres se remplument en préparant des infrastructures.
La science avant tout
La science et les scientifiques ont un rôle prédominant dans la réussite d’une partie, les joueurs dirigent tous des corporations industrielles qui prennent de la valeur en fonction de leurs avancées scientifiques sur les technologies vertes (elles recevront de meilleurs subventions etc…). Il va falloir pour monter dans les pistes technologiques faire voyager nos scientifiques de projets en projets pour qu’ils s’améliorent dans le domaine du projet ou bien tout simplement les envoyer en conférences. Avancer dans les pistes scientifiques permet en plus de gagner des petits bonus et de réaliser des objectifs communs.
Une édition quasi parfaite.
CO₂ Second Chance est magnifiquement illustré par Ian O ́Toole, le designer des dernier jeux en date de Vital Lacerda (Vinhos Deluxe, The Gallerist, Lisboa, Escape Plan et bientôt On Mars). Comme toujours c’est propre, sans fioriture et l’iconographie est claire. C’est Flat-Design comme on dit dans les apps mobiles.
Le matériel est top : les centrales en bois sont très sympathiques à manipuler, les tuiles et les cartes sont de bonnes qualités. Je trouve que l’on a un petit sentiment de satisfaction lorsque l’on pose la dernière pierre pièce d’une centrale : tout s’emboîte parfaitement.
Ce qui pèche, c’est plutôt la qualité aléatoire d’édition : à l’ouverture de ma boite à Essen, j’ai eu une désagréable surprise. C’était la première fois que je voyais des problèmes pareils : une planche imprimée avec un mauvais verso (sympa pour les tuiles recto-verso)et plusieurs éléments en bois cassés. L’impression sur le plateau est fait d’un seul coté uniquement : pour le verso, ils ont collé une feuille imprimée. Ca se voit et c’est moyen moyen. Chez certains la colle a même traversé l’imprimé avec comme conséquence les faces du plateau collées entre-elles. C’est plus que limite vu le prix du jeu.
Le thermoformage ne permet pas de rentrer correctement tous les éléments du jeu sans les abimer ou abimer le thermo (et je ne parle pas des bonus KS). Les pièces en métal sont de moindre qualité : prenez en main une pièce de Scythe ou de 7 Wonders et vous verrez la différence.
J’espère qu’avec un peu de bol, on aura CO₂ Third Chance édité comme il se doit par Eagle-Gryphon Games avec leur qualité d’édition habituelle.
Dans ma ludothèque je n’ai que trop peu de jeux coopératifs, mis à part 21 jours, je pense n’avoir que des petits jeux comme The Game. Alors lorsqu’un jeu du calibre de CO₂ Second Chance arrive en boutique, il faut se jeter dessus. Les cubes en bois coopératifs doivent se compter sur les doigts de la main et c’est bien dommage.
CO₂ Second Chance (2018) |
|