Descendance chez Gigamic – Mourir n’est pas forcément un problème !
C’était la fête des grand-mères le weekend dernier… Aujourd’hui, on va parler Descendance, placement et kubenbois. Descendance, c’est le premier jeu où faire mourir votre bon peuple est bon pour vous !
Aux commandes, on trouve Inka et Markus Brand, mari et femme créateurs de jeux, pas mal non ? Dans leur CV, on trouve le très bon A l’ombre des murailles ou plus récemment une extension pour Orléans et Clochemerle. Du kubenbois en veux-tu en voilà !?
Un village comme les autres
Descendance (the village en vo) est un jeu de gestion où chaque joueur va diriger une famille sur plusieurs générations au sein d’un petit bourg. Attention, dans ce jeu, il n’y a pas d’attaque à la hache ou de lutes sanguinaires avec des armées. Descendance est un jeu de placement pacifique où l’on va essayer de tirer le maximum de nos meeple avant de les sacrifier sur l’autel de la postérité.
Le jeu est composé d’un plateau central représentant le village où le joueur pourra effectuer diverses actions. Chaque joueur possédera un plateau personnel qui permettra de stocker les différentes resources, ses meeples non-affectés ainsi que l’avancée sur la piste du temps, piste dite de la Grande Faucheuse. Globalement, chaque action dans le jeu va couter un certain nombre de « temps » qui fera avancer un pion sur la piste de la faucheuse. A chaque fois que le pion franchira le pont, un des meeples passera l’arme à gauche.
La faucheuse à l’oeuvre
La grosse innovation de Descendance est sa manière de gérer le temps : chaque action que l’on réalise sur le plateau fait écouler le temps. Les joueurs vont donc à chaque fois peser le pour et le contre entre dépenser des resources pour aller plus vite ou bien prendre le temps de former nos ouvriers pour qu’ils puissent produire des produits de meilleure qualité à moindre coût.
Mais attention, à perdre trop de temps pour former nos meeples, ils risquent de mourir avant d’avoir été rentabilisés. Et on en perd des meeples, c’est peu de le dire. La faucheuse passe toutes les 10 temps, sachant que pour former un ouvrier et produire, ça prend déjà entre 4 et 6 temps. ça pique !
Le cube d’action
Pour réaliser une action, il faut prendre un cube sur la zone de jeu correspondant à l’action. Ce cube sert à la fois de déclencheur d’actions et de resources. Pour anticiper nos futures actions, on devra parfois effectuer des actions non prioritaires pour récupérer des cubes de la bonne couleur. Attention à l’analysis paralisys: en fin de manche lorsqu’il reste peu de cubes en jeu, la planification devient impossible.
Le voyage de l’ennui
Le défaut de ce jeu est la zone voyage qui est clairement en dessous du reste du jeu. Le faible ratio points rapportés / coût + temps dépensés ne penche pas en faveur des voyages. C’est clairement l’action par défaut que l’on fait pour récupérer des cubes. Rares sont ceux qui s’y aventure. C’est assez surprenant, on a l’impression que cette zone a été créée au dernier moment et pas assez testé.
C’est d’ailleurs le gros points corrigé par l’extension « Le port » qui remplace totalement cette zone du plateau.
Mourir c’est la vie !
Voilà ce qui résume Descendance, ce principe va à l’encontre des jeux de placement habituels: normalement lorsque l’un de nos personnages meurt, c’est négatif, on y gagne rien et on perd en influence. Dans Descendance, la mort est finalement un moyen comme un autre de gagner du prestige. Attention, il ne faut pas sacrifier n’importe quel meeple et privilégié ceux qui sont les moins bien avancés.
Il y a de nombreuses façons de scorer dans ce jeu et c’est pour moi une grosse force de rejouabilité et de plaisir. Je suis adepte de faire mourir rapidement mes personnages pour marquer des points en plaçant judicieusement mes morts dans les archives du village. Mes acolytes de jeux sont plus artisanat ou voyage, chacun sa stratégie, mais globalement, les scores se suivent sans trop de différences. Il n’y a pas forcément de stratégies gagnantes, juste de l’opportunisme sur certains coups.
Descendance chez Gigamic est l’un de mes jeux de gestion préféré. Je trouve le concept vraiment top. On ressent une bonne tension sur les points névralgiques du plateau. Les stratégies sont multiples, c’est exactement ce genre de chose que je cherche dans les jeux de pose d’ouvriers. Bref que du bonheur.
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