Rajas of the Ganges des époux Brand, le jeu n’est pas un long fleuve tranquille.
Les époux Inka et Markus Brand sont ds auteurs que j’apprécie beaucoup. Descendance – The Village – est dans mon top 10 depuis des années. Ca fait bientôt 3 ans que les Rajas du Gange – Rajas of the Ganges – est dans ma ludothèque. Il est grand temps d’en parler.
La boite de Rajas of the Ganges provient de ma collection personnelle. Atalia et Huch! n’ont aucunement participé à l’écriture de ce billet.
Je n’ai aucune affiliation avec le Passe Temps, si je vous propose d’acheter le jeu chez eux, c’est que je les aime bien :)
Le jeu se déroule pendant la domination moghol de l’Inde vers 1600. C’est l’une des périodes les plus prolifiques du pays. On y construit le Taj Mahal ou les forteresses d’Agra ou de Delhi C’est l’opulence et chaque Raja va tenter d’en profiter pour développer sa province.
Nous étions dans le Rajasthan avec Chérie il y a quelques mois et on a pu voir de nos propres yeux ces constructions monumentales.
Concrètement dans Rajas of the Ganges, chaque joueur est un Raja en quête de richesses et de pouvoir : le meilleur d’entres-eux deviendra le prochain Maharaja (en vérité, ca ne fonctionnait pas vraiment comme ça en Inde mais bon).
Chacun sa province, mais un seul Gange.
Rien de nouveau sous le soleil, Rajas of the Ganges est un jeu de pose d’ouvrier conventionnel. On va poser des meeples pour effectuer des actions. Certaines actions sont gratuites mais la plupart du temps il va falloir dépenser des sous ou des resources.
Le plateau est découpé en plusieurs zones bien distinctes :
- Le port permet d’avancer notre bateau sur le Gange et récupérer chemin faisant des bonus
- Au palais du Grand Moghol, on va effectuer des actions permettant de récupérer le plus souvent des bonus ou des resources.
- Sur le marché on va vendre les denrées produites dans nos provinces
- Et enfin la carrière est l’emplacement de construction des aménagements de la province.
La province est représentée par un plateau personnel sur lequel les joueurs vont pouvoir déposer des tuiles aménagements à la Carcassonne.
On a donc quatre zones de jeux où l’on pose nos ouvriers. Lorsque l’on n’a plus d’ouvriers en main, on ne peut plus jouer et on passe son tour. Lorsque tous les joueurs ont passé, c’est la fin de la manche.
A la croisée des chemins
La grosses subtilité de Rajas of the Ganges est son déclenchement de la fin de partie. Sur le contour du plateau, nous avons deux pistes distinctes : la première est la piste de richesse.
Lorsque l’on gagne ou dépense de l’argent dans le jeu, on avance ou recule le marqueur argent sur cette piste.
La seconde piste est celle de la gloire : certaines actions au palais, du Gange ou des plateaux province permet de gagner de la gloire qui est symbolisée sur cette piste.
La numérotation des pistes est inversées : les pistes sont parallèles et partent du même coin du plateau mais partent dans des directions opposées. Lorsque les deux marqueurs d’un joueur se croisent, la partie s’arrête (mais on fini le tour pour les autres joueurs).
Encore un jeu de hasard avec des dés.
Et bien oui, il y a des dés dans Rajas of The Ganges ! Ils sont au nombre de 48 divisés en quatre couleurs. Ils servent de ressources. Lorsque l’on récupère un dé, on le lance et on le stocke dans notre réserve. Attention la réserve est limitée et on ne peut pas en avoir plus de 10 en main.
Les dés ont deux utilités : on va prendre la valeur du dé pour effectuer des actions au palais du Grand Moghol. Pour aller demander de l’aide à l’empereur et à sa cour, il faut défausser un dé d’une valeur spécifique en fonction de l’action désirée.
Mais on va surtout utiliser les dés pour construire des nouveaux aménagements dans la province : chaque aménagement possède une couleur et une valeur, il va falloir défausser des dés de la couleur de l’aménagement et de valeurs au moins équivalentes au coût de construction. Autant dire qu’avoir de grosses valeur c’est pas mal.
Donc c’est un jeu de chance ?
Et bien non ! Durant le jeu, plusieurs actions vont permettre de monter un marqueur sur une autre piste du plateau principal : le Karma
Pour compenser la malchance de certains joueurs, on va pouvoir puiser dans notre réserve de Karma pour retourner sur la face opposée un dé de notre réserve. Un bon moyen de compenser des tirages loupés.
De plus on va pouvoir effectuer des échanges, ce qui va permettre d’épurer notre pool des dés qui ne nous intéressent pas.
Un mode avancé indispensable
Après plusieurs parties on va commencer à en vouloir plus et c’est là qu’intervient le mode Navaratnas. Concrètement ca rend le jeu bien plus tendu : le gros changement s’effectue au niveau des provinces que l’on va pouvoir améliorer en récupérant des jetons sur le plateau principal. Les joueurs vont évidement se battre pour récupérer les meilleurs jetons et surtout orienter leur stratégie en fonction.
C’est avec Navaratnas que Rajas of the Ganges prend tout son ampleur. Le jeu devient beaucoup plus stratégique. Sans ce mode avancé on a une impression de jeu pas fini, qu’il manque un petit quelque chose.
Il y a plusieurs mini-extensions disponibles depuis la sortie du jeu qui ajoutent de nouveaux concepts ou bien de nouvelles tuiles aménagements. Mais on y reviendra dans un autre billet.
Un descendant du village ?
Cette gestion des ressources par les dés est ce qui fait le charme de Rajas of the Ganges. Et on peut dire que les époux Brand n’en sont pas à leur coups d’essais.
Dans leur second jeu de pose d’ouvriers Descendance, on récupérait des cubes de couleur sur le plateau central pour effectuer des actions. Le jeu suivant, Le village, utilisait une multitude de dés qu’on lançait pour activer des actions.
A l’instar du Village où les époux Brand ont repris le concept de décès des ouvriers de Descendance. Rajas of the Ganges reprend des mécaniques deux précédents jeux : on récupère des dés (le village) de couleurs (Descendance).
Je trouve interessant la filiation entre les différents jeux des auteurs. Il y a un fil conducteur ou une certaine logique dans leurs créations. Sans trop prendre de risque, je pense qu’on retrouvera dans un de leur prochain jeu cette la condition de fin de Rajas of the Ganges qui est pour moi le point wahou de ce jeu.
Alors on part pour le Rajasthan ?
Rajas of the Ganges est dans mon top pose d’ouvriers. Je le place tout de même derrière Descendance. Mais je me demande si c’est vraiment qu’il est moins bon ou bien si j’aime tellement son ainé que je ne suis pas impartial.
Rajas of The Ganges est un melting pot de plein d’autres jeux et de mécaniques que j’apprécie : la pose de tuile et la pose d’ouvriers. Ce petit coté “je construit et j’optimise ma province” est très grisant.
Je suis un allergique aux dés dans les jeux de gestion. Mais dans Rajas of the Ganges, mon problème lié au hasard du tirage des dés est largement compensé par le Karma. Globalement j’enrage très peu avec les lancés de dés durant la partie. Ce qui est plutôt bon signe :)
Le seul bémol est le design du plateau. Wouhaa ce n’est pas folichon, on est dans du jeu de gestion à l’allemande mais quand même. Quand on voit la qualité esthétiques des jeux sortis au même moment, Great Western pour ne pas le citer, Rajas of the Ganges mise vraiment sur le oldschool.
Il en va de même pour certains éléments du jeu qui sont un peu décalés par rapport au thème. Pourquoi des dés pour les ressources ? A quoi ca correspond ? Habituellement dans les jeux de gestion, on a des cubes gris pour la pierre, du jaune pour l’or ou la bouffe, pas du violet, bleu ou rose. Bref des choix éditoriaux parfois un peu étranges mais finalement… Ca passe au second plan car les mécaniques sont top et le jeu excellent !
Rajas of the Ganges est une course. Et quelle course ! Très souvent le premier joueur rejoignant ses deux marqueurs de score gagne la partie. J’aime beaucoup ce genre de jeux où le nombre de manches n’est pas défini à l’avance. Mieux, plus la partie avance, plus on ressent la pression: il faut avancer coûte que coûte nos marqueurs sur ces satanées pistes. J’A-DO-RE.
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